Ne boudons pas notre plaisir… Out Of Reach vous propose aujourd’hui un entretien exclusif avec Stéphane Tourreau, vice-champion du monde d’apnée, qui nous invite à une immersion au cœur de sa passion. Entre nouvel environnement, lâcher-prise et éblouissement, vous verrez que la « déconnexion » n’y est pas étrangère. Prêt-e à plonger ?

Bonjour Stéphane ! L’apnée, les profondeurs, ce monde de l’autre côté du miroir nous intriguent… Comment décrirais-tu l’expérience de l’apnée ?

Je dirais que l’apnée t’apprend à vivre intensément l’instant présent. Car tu dois savoir en l’espace de trois minutes, soit la durée d’une apnée en profondeur, sortir du « quotidien » (où l’on respire de l’air) et découvrir un autre monde de sensations.

Techniquement, cela correspond à une expérience en quatre étapes : l’acceptation d’un nouvel environnement, la phase de relâchement, le moment d’ « extase » et la gestion du retour (la remontée).

C’est drôle ce que tu dis, car cela correspond bien aux différentes phases que l’on a constatées, nous, pour les séjours déconnectés d’Out Of Reach ! Parlons un peu de cette première étape : qu’est-ce qui est le plus difficile (ou essentiel) lorsque tu entames une plongée en freediving ?

Passer de l’air à l’eau, de la respiration à l’apnée, exige certaines aptitudes… Ce changement drastique d’environnement implique une vraie concentration, car en apnée il est crucial d’économiser ses efforts. Pour pouvoir descendre, il faut que tu sois efficace avec ta palme (sinon tu flottes !), mais il faut aussi consommer peu d’énergie au niveau musculaire. Palmer « comme un débile » est bien sûr la pire des choses à faire.

Il y a donc une vraie maîtrise technique à développer, associée à une concentration de haut niveau ?

En effet ! En apnée, il est important de se focaliser pleinement sur le corps et la technique, en n’oubliant pas que l’eau est un élément incompressible : faire attention à la compensation des oreilles et à sa technique de nage est le premier B.A BA. Mais se détacher de sa pensée pour être dans l’instant est tout aussi important. Il faut savoir rapidement se connecter à 100% avec l’environnement présent, avec son ressenti. On veut « être eau », faire partie de l’eau, être le plus efficace et fluide possible.

Être eau… quelle sensation, tu nous fais rêver !

Oui, c’est assez fou. Et tout en fluidité, tu arrives à un autre stade qui est celui du relâchement. Là, tu passes en flottabilité négative, autrement dit tu commences à couler. Tu dois alors te focaliser sur le relâchement de ton corps, tout en continuant d’accepter la pression. A partir de là, déjà, ton esprit part un peu, il s’évade. Tu éprouves un ressenti sensitif, interne, de glisse. Il y quelque chose de très envoûtant dans le toucher de la mer en apnée. Et puis, la vue est aussi incroyable : tout ce bleu, c’est beau, simplement. Cette immensité te remet aussi à ma place dans l’environnement. 

En définitive, ce que tu décris est une forme de lâcher-prise… phase essentielle de la déconnexion ! Et alors, dis-nous, que se passe-t-il en bas ? c’est quoi l’ivresse des profondeurs ?

Arrivé « en bas », il y a un état très intense d’adrénaline et de sensations, un véritable état d’extase. Cet état est lié à la sensation de lâcher-prise extrême, mais aussi à un phénomène physique que l’on appelle « narcose » et que la plupart des gens connaissent en effet sous le nom d’ivresse des profondeurs. Enfin c’est propre à l’apnée de compétition bien sûr, lors d’apnées profondes. Les apnéistes débutants connaissent des sensations fantastiques, mais différentes.

On sait que la gestion du retour peut être particulièrement délicate en apnée. Au-delà de la dimension technique, ça se passe comment pour toi cette « reconnexion » avec la surface ?

Au moment d’entamer la remontée, je concentre ma pensée grâce à de la visualisation pour me préparer à ma sortie et me reconnecter au monde extérieur. Sur les quinze derniers mètres, c’est un peu comme si tu essayais de rentrer soûl chez toi et que tu cherchais à donner l’illusion aux autres que tu es lucide ! Tu es encore sous l’effet de ta narcose, mais tu te dis que tu dois contrôler, donner l’impression que tu reviens « comme si de rien n’était » dans le monde extérieur, alors que tu es encore en pleine expérience introspective. La reconnexion, c’est aussi l’apprentissage de la gestion de toutes ces émotions.

Waouh. Tu nous donnes envie de plonger, vivre ces 3 minutes de déconnexion hors du commun... Un grand merci, Stéphane, pour ce voyage en apnée dans les profondeurs !

L’entretien vous a fait vibrer ? Vous rêvez vous aussi de vous fondre avec le Grand Bleu ? Out Of Reach vous propose un séjour exceptionnel d’initiation à l’apnée avec Stéphane Tourreau en Dominique… A découvrir ici !